Parrainer des personnes réfugiées est un geste d’empathie et les services d’établissement sont là pour vous aider. Partie 2
Un groupe de jeunes congolais est arrivé à Kingston entre novembre 2021 et juin 2022. L’équipe d’ACFOMI les a interviewés pour en savoir plus sur leur expérience en tant que réfugiés francophones parrainés par le secteur privé.
L’espoir, l’engagement et l’expertise : le point de vue d’un groupe de jeunes réfugiés
À travers les entrevues menées par l’équipe d’ACFOMI, on a pu constater qu’avant d’arriver au Canada, le parcours en matière d’immigration des jeunes interviewés avait été très similaire. Ils ont trouvé que le processus d’approbation de leur statut de réfugié auprès d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a pris plus de temps que prévu, notamment à cause de la pandémie.
Cette période d’attente a été marquée par l’incertitude, surtout parce que certains d’entre eux ont dû quitter leur pays et attendre le résultat de leur demande dans des camps de réfugiés. Heureusement, les jeunes avaient déjà eu des contacts avec leurs parrains dans leur pays d’origine. Tous ont exprimé l’importance de ce contact : cela leur a donné de la confiance, de l’espoir et le sentiment que leurs parrains s’engageaient personnellement dans ce processus avec eux. Selon l’une de ces jeunes, c’est justement parce qu’elle a eu l’occasion de raconter son histoire directement à ses parrains qu’elle a eu la chance de venir au Canada.
Kingston a été la ville d’accueil de ces jeunes. Même s’ils n’ont pas choisi la ville dans laquelle ils allaient s’installer, ils sont contents que leurs parrains aient choisi de les faire venir dans cette ville. Lorsqu’on leur a demandé s’ils se sentaient à l’aise à Kingston, toutes les personnes interviewées ont dit : « J’aime Kingston parce que c’est une ville très calme ! ».
Les parrains habitent également à Kingston. La proximité des parrains a permis aux jeunes de recevoir un support plus personnalisé et plus constant. Ces jeunes sont tous très reconnaissants envers l’organisation religieuse qui les a parrainés. L’église les a aidés à satisfaire leurs besoins essentiels (nourriture, logement, vêtements), les a soutenus dans leur intégration au sein de leur nouvelle communauté et les a aussi appuyés sur le plan spirituel. Des membres de l’église ont maintenu un contact régulier avec chacun d’entre eux pour s’assurer qu’ils ne manquaient de rien. Cette attention en a rassuré plusieurs, alors qu’ils s’adaptaient à leur nouvelle vie.
Ces jeunes comprennent bien le rôle que l’église a joué à leur arrivée et en sont très reconnaissants. Moïse Muzinga, le premier du groupe à être arrivé à Kingston, indique : « C’est tellement grand ! Pour moi, le parrainage est l’appui essentiel. Sans la possibilité de venir au Canada, on ne peut même pas penser à s’y intégrer [rires]. » Il explique que ses parrains lui ont donné la chance de se bâtir une nouvelle vie. Et Évelyne Shemupunge ajoute, « Ce n’est pas tout le monde qui peut trouver la grâce que j’ai trouvée dans ce parrainage. »
Ce sont les parrains qui ont mis les jeunes congolais en contact avec l’ACFOMI. Les parrains se sont vite aperçus que les services d’établissement de l’ACFOMI pouvaient les aider à soutenir ces jeunes dans leur processus d’intégration, et ce, dans la langue maternelle des réfugiés. Les services d’établissement leur ont offert de l’orientation dans la communauté, de l’aiguillage et des référencements vers les services et programmes disponibles dans la région.
Les jeunes considèrent qu’il y a eu beaucoup d’avantages à être servi en français, leur langue maternelle. La plupart des organismes de Kingston n’offrent des services qu’en anglais, ce qui ajoute une barrière à l’intégration de personnes francophones nouvellement arrivées. À l’ACFOMI, ils ont eu accès à des services, des formations et des outils en français. « C’était avantageux parce que j’ai toujours une préférence pour ma langue maternelle. », explique Moïse. Comme les autres, il s’est senti plus à l’aise lorsqu’il posait des questions pendant les formations et les rencontres parce qu’il savait qu’il serait compris.
L’ACFOMI s’est assurée de mettre ces personnes nouvellement arrivées en contact avec la communauté francophone. L’une d’entre elles a même eu la chance d’être embauchée par une garderie francophone. Ces jeunes s’attendaient à vivre uniquement en anglais à leur arrivée au Canada. Obtenir des services en français à l’ACFOMI a été une belle surprise et c’est devenu une source d’inspiration : « Personnellement, ça m’a aidé à continuer à m’exprimer en français », indique Prince Buingo.
Pendant les conversations avec l’équipe d’ACFOMI, les jeunes ont affirmé que les services d’établissement et d’employabilité de l’ACFOMI les ont aidés à établir un plan concret et des étapes claires pour atteindre leurs objectifs. Par exemple, en leur proposant de poursuivre des études au collège, en les aidant à accéder à des cours d’anglais et en les éclairant sur les étapes qui leur permettraient de travailler dans une profession spécifique ou sur les formations à suivre pour trouver un emploi.
Ces jeunes poursuivent toujours les objectifs qu’ils s’étaient fixés à leur arrivée. Quelques-uns n’ont pas encore réussi à atteindre leurs buts, mais ils sont sur la bonne voie : « Je continue toujours à aller de l’avant et à avancer positivement, et c’est grâce à vous ! », précise Olivier Mongolare Shiara, qui étudie actuellement au collège pour devenir plombier. Tous les membres du groupe ont affirmé que l’ACFOMI a respecté leurs choix et qu’ils se sentent sur leurs chemins. « Avec l’ACFOMI, j’ai pu trouver les formations nécessaires pour me spécialiser et commencer une carrière dans le domaine que j’ai toujours rêvé de poursuivre », ajoute Prince.
Ces jeunes sont arrivés en pleine pandémie, certains en période de confinement. Ils sont tous de l’avis que la pandémie a eu de multiples impacts sur leur arrivée. Le premier impact a été sur leur dossier d’immigration, notamment sur le temps de traitement : « La pandémie a fait reculer mon dossier d’immigration et ça a pris beaucoup plus de temps que prévu », indique Évelyne. L’impact s’est aussi fait sentir en ce qui concerne leur intégration au Canada. Certains ont dû rester dans leur nouveau logis sans possibilité de rencontrer de nouvelles personnes pendant plusieurs semaines. Les parrains et l’ACFOMI ont fait beaucoup d’efforts pour les appuyer pendant cette période. Par exemple, l’ACFOMI a mis en place des formations en ligne pour aider ces jeunes à faire face à l’isolement et leur donner les compétences nécessaires pour travailler dans un nouveau pays. Les jeunes ont remarqué que les ateliers en ligne avec l’ACFOMI ont été très utiles et ont contribué à briser l’isolement, dans tous les sens, car pendant la pandémie il y avait un grand sentiment d’isolement. « Il fallait se protéger et protéger les autres. C’était comme si on vivait sur une autre planète, avec beaucoup de limites (…) Le programme pour l’emploi a été le premier auquel j’ai participé et ça m’a vraiment beaucoup aidé. J’avais besoin d’un emploi et les conseillers en emploi m’ont accompagné pour que je réussisse bien », Prince Buingo.
Le message de ces jeunes Congolais est clair : sans leurs parrains, rien de tout ce qui leur est arrivé n’aurait été possible, et grâce à la collaboration avec les services d’établissement, leur intégration au Canada est un succès !
Vous trouverez plus d'informations sur leurs expériences dans des articles à venir!
Présenté par : l’Association canadienne-française de l’Ontario, conseil régional des Mille-Îles (ACFOMI)