Parrainer des personnes réfugiées est un geste d’empathie et les services d’établissement sont là pour vous aider. Partie 4
Dans les deux derniers articles nous avons constaté l’impact des services d’établissement auprès d’un groupe de jeunes Congolais, arrivé à Kingston entre novembre 2021 et juin 2022, qui a bénéficié des services de l’ACFOMI. Dans le présent article, nous allons découvrir l’expérience de la personne qui a parrainé ce groupe de jeunes Congolais.
L’équipe d’ACFOMI a interviewé Mimi Kashira pour en savoir plus sur son expérience en tant que répondante de réfugiés francophones, pour mieux comprendre les raisons pour lesquelles elle a orienté ces personnes réfugiées vers les services de l’ACFOMI et pour connaitre les organisations religieuses kingstoniennes qui lui permetent de soutenir sa passion pour le parrainage.
« En premier, ils ne m’appellent pas marraine, ils m’appellent Mama »
L’entrevue menée par l’équipe d’ACFOMI a débuté par une question de mise en contexte afin de comprendre le parcours de Mimi en tant que marraine de plusieurs personnes réfugiées arrivées au Canada. Mimi commence par clarifier comment les jeunes s’adressent à elle : « Bon, en premier, ils ne m’appellent pas marraine ou Mimi, ils m’appellent Mama [rires]. La raison c’est qu’en Afrique on appelle Mama quelqu’un qui joue le rôle d’une mère, qui prend soin de toi, qui te nourrit, qui te loge. Ces jeunes ne me voient pas seulement comme une “marraine, une philanthrope”, mais comme une amie, de la famille, quelqu’un qui sera toujours là. C’est ce que font les mamans. Être présente, rester en contact, aider, apporter des conseils, du réconfort, de l’amitié, de la prière, une direction, le désir de les voir réussir, bien réussir dans la vie… ».
Mimi explique ensuite comment tout a commencé. Mimi Kashira est originaire de la République Démocratique du Congo (RDC) et elle est arrivée au Canada il y a plus de 20 ans, elle aussi en tant que réfugiée. Quelques années plus tard, Mimi et son mari sont retournés en Afrique. Ils ont vu le besoin d’aider d’autres Congolais qui se trouvaient dans des camps de réfugiés hors du Congo (RDC). Mimi dit que c’est la passion de son cœur qui lui a dit qu’elle devait faire quelque chose.
Elle a tout d’abord rencontré des gens en Afrique, a écouté leurs histoires et en tant que répondante privée, a fait les démarches pour entamer le processus de parrainage. C’est à ce moment qu’elle a approché ses amis, ses connexions, des églises qu’elle fréquentait. C’est comme ça qu’elle a commencé les partenariats avec les églises. Depuis, elle travaille principalement avec les églises Kingston First Baptist Church et Uxbridge Baptist Church, qui lui apportent un support financier, matériel et spirituel inestimable.
C’est grâce à la générosité de la population canadienne que tout cela est possible. « Souvent, les Canadiens vivent leur vie et ne savent pas ce qu’il se passe en Afrique et au Congo. Après, c’est à moi de leur montrer la réalité de ce qui se passe là-bas. Les Canadiens ont le cœur d’aider les gens qui sont dans le besoin, ils répondent de façon très solidaire, généreuse et avec compassion, mais il leur faut des gens comme nous pour leur donner de l’information de confiance ».
Pendant l’entrevue, Mimi a parlé du profil des personnes qu’elle aide à venir au Canada : « Les gens que j’aide viennent toujours du Congo et c’est parce que le Congo est mon pays. Je sens que ma mission ici au Canada n’est pas de vivre dans le confort, c’est d’aider les Congolais qui sont restés au Congo ».
Ce n’est pas non plus par hazard que les personnes qu’elle parraine sont toutes des jeunes. Mimi explique que c’est une décision réfléchie : « Parce que quand il y a un conflit, ce sont des jeunes comme Moïse, comme Prince, qui risquent le plus d’être recrutés dans les milices ou dans l’armée contre leur volonté. Ce sont de jeunes filles comme Evelyne qui sont plus vulnérables aux viols… Les jeunes que je parraine ici sont des jeunes qui étaient affamés dans des camps de réfugiés hors du Congo, ils essayaient déjà de fuir leur pays ».
Le référencement vers les services « par » et « pour » les francophones pour une intégration réussie
Malgré tout l’appui offert par le secteur privé, Mimi a toujours eu le réflexe de référer ces jeunes aux services de l’ACFOMI. « Le Congo est le plus grand pays francophone du monde, et être servi dans leur langue maternelle, en français, est un avantage extraordinaire pour ces jeunes nouvellement arrivés. L’ACFOMI est le premier endroit qui peut les aider. Je n’ai jamais été déçue parce que vous faites votre travail avec le cœur, vous êtes aussi des Mama pour eux. Quand ils me disent : j’ai vu mama telle à l’ACFOMI, je comprends ce que vous représentez pour eux, parce que vous prenez soin d’eux comme une mère devrait le faire ».
Pour Mimi, le support de l’ACFOMI a complémenté le soutien offert par l’église parce que, selon elle, sans les services de l’ACFOMI, la tâche serait beaucoup plus lourde sur ses épaules en tant que répondante. « L’ACFOMI aide les réfugiés à s’intégrer et à connecter à d’autres immigrants francophones, leur donne des billets d’autobus, aide avec la recherche d’emploi, avec la reconnaissance des diplômes, facilite l’accès aux cours d’anglais et à d’autres cours, aiguille vers d’autres organismes… moi, ça m’aide énormément ».
Mimi Kashira a aussi voulu clarifier qu’« il y a d’autres services comme l’ACFOMI, également financée par le gouvernement, mais l’ambiance chez l’ACFOMI est différent. Aussi, l’ACFOMI fait un suivi, garde le contact avec les gens. L’ACFOMI va au-delà des attentes, et je le sais parce que je suis aussi en contact avec d’autres organismes qui travaillent avec des immigrants ».
« L’impact majeur dans la vie de ces jeunes est l’espoir et un nouveau début »
Mimi Kashira est consciente de l’impact du parrainage dans la vie des personnes soutenues par les églises et la population de Kingston, par son intermédiaire. Selon elle, l’impact principal réside dans l’espoir et un nouveau début. « Quand les gens sont dans des camps de réfugiés, c’est comme si l’espoir était perdu. Au Canada, les gens trouvent leur dignité, leur indépendance. Ils sentent qu’ils contribuent à la société à travers du travail ».
Quand les personnes réfugiées arrivent ici, elles veulent prouver que ce qui leur manquait était des opportunités. Elles se disent : « Je veux travailler, j’ai les capacités mentales et physiques pour travailler. De plus, elles deviennent un soutien important pour leurs familles restées au pays, en leur envoyant de l’argent pour se nourrir ».
Pour conclure, Mimi laisse un message à ceux et celles qui souhaitent parrainer des personnes réfugiées : « Ça vaut la peine de faire tout ce travail, d’être parfois inconfortable. C’est un travail du cœur, 24 sur 24 heures. Quand les gens arrivent et sont heureux, ça nous rend heureux aussi. Ça vaut la peine parce qu’on change la vie des gens. En plus, ce n’est pas seulement la vie des personnes que tu aides qui change, c’est aussi toi-même. Tes priorités et tes perspectives changent aussi. Tu commences à voir le monde de façon différente, et ce que tu reçois, c’est la joie qui vient de la personne que tu as aidée à trouver de la joie. Ça te donne la paix pendant la nuit, ça te donne envie d’aider de plus en plus de personnes ».
*Nous tenons à remercier Mimi Kashira d’avoir pris le temps de partager son histoire passionnée avec nous.
Présenté par : l’Association canadienne-française de l’Ontario, conseil régional des Mille-Îles (ACFOMI)
Pour plus d'information
- Parrainer des personnes réfugiées est un geste d’empathie et les services d’établissement sont là pour vous aider. Partie 1
- Parrainer des personnes réfugiées est un geste d’empathie et les services d’établissement sont là pour vous aider. Partie 2
- Parrainer des personnes réfugiées est un geste d’empathie et les services d’établissement sont là pour vous aider. Partie 3